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"On réserve le tourisme aux riches": Venise met en place un ticket à 5 euros pour les touristes

A Venise, à partir de ce jeudi matin, les visiteurs qui ne dorment pas dans la ville devront payer un ticket de 5 euros pour pouvoir visiter la ville. Sur place, certains protestent déjà.

C'est une première mondiale. Venise expérimente dès ce jeudi matin le ticket à la journée, pour endiguer le surtourisme. Comme à l’entrée du parc Astérix ou de Disneyland, il faudra désormais un billet pour accéder à la cité des Doges, au prix de 5 euros. Pas de tourniquet en revanche, mais des contrôles aléatoires dans la ville. Le ticket est obligatoire entre 8h30 et 16h, heure locale.

Il faut désormais télécharger un QR code sur un site dédié, disponible en cinq langues. Si vous ne l’avez pas, vous risquez une amende de 50 à 300 euros. Mais pour l’instant, les autorités locales misent davantage sur la pédagogie que sur la répression.

Ce sont surtout les visiteurs à la journée qui sont concernés. Les habitants de Venise n’en ont évidemment pas besoin. L’expérimentation démarre ce jeudi, car la journée est fériée en Italie.

Sur les ponts étroits et les places bondées, Laurent et sa famille se frayent un chemin. “J’entends plus souvent parler français qu’italien presque. Ça brise un peu le charme naturellement”, indique-t-il.

Mais ce n’est pas un ticket à 5 euros qui le dissuadera d’être là. “Ça ne nous empêchera pas de visiter Venise, et même de revenir plusieurs fois s’il le faut. Après, il faut aller sur internet, il faut s’enregistrer. Il faut essayer de voir si on sera compté ou pas dans les touristes de passage donc c’est un peu plus contraignant pour nous”, explique-t-il.

C’est plus que ça pour Sophie, aide-soignante alsacienne. Cette touriste d’un jour s’agace.

“Payer pour visiter un monument ok, mais pas pour se promener. C’est déjà assez cher comme ça partout. Sinon, on arrête le tourisme ou on le réserve aux riches, encore pour les riches et pas pour monsieur et madame tout le monde”, dénonce-t-elle.

Un impact sur la fréquentation?

Et c’est ce qui préoccupe Xoni. Dans son restaurant de spécialités, il s’inquiète de ce ticket qui pourrait détourner trop de touristes. “Ce n’est pas très agréable de devoir payer ce ticket. Ce sera plus difficile pour les habitués de revenir année après année. La fréquentation va chuter”, prévient-il.

Cette année, ce ticket sera obligatoire 29 jours, pour les dates de grande affluence. Une solution que Vanguélis Panayotis, PDG de MKG Consulting, expert en tourisme, trouve tout de même coercitive.

“C’est assez paradoxal parce qu’il y a beaucoup de destinations qui dépensent des millions pour faire venir des touristes, explique-t-il dans Apolline Matin, sur RMC. Donc on se rend compte que finalement, le tourisme est une activité qui est très forte, qui a rebondi de manière significative au sortir du Covid. Et là, on a des mesures coercitives qui envoient un message un peu mitigé aux touristes du monde entier. Il faut effectivement réguler les flux touristiques. On sait que souvent, ils ne se concentrent pas sur les 365 jours de l’année. Ils sont sur quelques semaines et sur quelques endroits. Donc il faut arriver à diffuser le tourisme, à créer des points d’intérêt."

L'invité de Charles Matin : Venise, une taxe touristique de 5 euros dès aujourd'hui - 25/04
L'invité de Charles Matin : Venise, une taxe touristique de 5 euros dès aujourd'hui - 25/04
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A Venise, pour les touristes disposant d'une nuit d'hôtel ainsi que pour les moins de 14 ans, le ticket est gratuit.

Caroline Philippe avec Guillaume Descours